Contrairement à ce que son nom semble indiquer, le bottier ne se cantonne pas uniquement à la fabrication de bottes, bottines et cuissardes. Cet artisan d’art propose essentiellement la création de chaussures de ville en tous genres: richelieus, derbies, mocassins pour les hommes, escarpins, salomés, ballerines, sandales pour les femmes et même des sneakers pour tous.
Ce que le client veut, le bottier le réalise. Tous les modèles de chaussures prennent doucement corps entre ses mains au fil des étapes – du dessin à la forme, en passant par le patronage et la découpe, pour finir par le montage sur forme et le semelage. Toutes ces opérations reflètent l’étendue de la créativité et la technicité de son métier.
En effet, pour assurer la durabilité du soulier, chaque geste est répété, à coup de pince ou de marteau, jusqu’à obtenir la forme et la solidité attendues.
Il en va du ressenti du bottier; ce que la machine industrielle ne permet pas, réglée pour uniformiser les tâches et optimiser le rendement.
Grâce à ces savoir-faire, une paire de souliers réalisée à la main épousera parfaitement la morphologie du client, même si les deux pieds ne sont pas toujours identiques.
Le bottier met un point d’honneur sur le choix du cuir pour éviter tout défaut visible à l’œil nu d’un pied à l’autre (disparité des couleurs, du grain, du toucher).
Alors que la fabrication en série optimise le nombre maximum de pièces à découper dans une peau entière, l’artisan bottier choisit méticuleusement les pièces qui permettront la fabrication d’une paire unique.
Une attention particulière est donc apportée à chaque étape de fabrication, pour allier qualité, confort et esthétique.
La chaussure, considérée comme un accessoire de mode, n’accompagne pas seulement une silhouette. Elle offre aussi et surtout un confort, une marche et un style qui sont propres à chacun. Réalisée à la demande, chaque paire qui sort de l’atelier de l’artisan bottier est unique!
Par ses qualités de technicien et sa précision sans précédent, le bottier évolue dans plusieurs univers.
Parole d’expert
Dans son atelier, les souliers hommes et femmes de grande mesure (ce qu’on appelle plus couramment le sur-mesure), peuvent côtoyer des chaussants dédiés aux arts du spectacle
(théâtre; cabaret, cinéma, art de rue, opéra, danse de salon…) ou à la cavalerie et l’équitation. Seul le bottier est à-même d’apporter une telle prestation, grâce à son savoir- faire, sa créativité, son exigence, son souci du détail et son sens de l’écoute. Pour réaliser de telles prouesses, le bottier prend le temps de comprendre les besoins de son client. C’est une relation privilégiée, de confiance qui s’installe entre l’artisan et son client, qui s’offre, la plupart du temps, la paire de chaussures de ses rêves: choix, coupe et forme du modèle, hauteur de talons, sélection des cuirs et couleurs.
Chez le bottier, c’est un conseil que l’on vient chercher.
En effet, bien qu’un modèle puisse nous satisfaire à l’œil, notre morphologie et notre posture vont nous amener à porter notre choix sur une autre typologie de soulier. Il faut noter, par exemple, qu’une paire d’escarpins aura tendance à se détendre avec le temps et pourra ne plus retenir le pied. Quant aux salomés, elles offrent une meilleure tenue et un confort sans faille peu importe la hauteur de talons.
Seule la parole d’un expert tel un bottier peut apporter ce type de conseils pour une plus belle allure et un confort certain.
L’argument ultime d’une paire de chaussures fabriquée sur mesure? Une pièce unique qui vous accompagne tout au long de votre vie. Les cousus trépointe ou norvégien y sont assurément pour quelque chose. Ils restent la méthode de montage de référence pour garantir la solidité, l’étanchéité et la flexibilité de la chaussure.
Plusieurs métiers en un
Bien que le bottier puisse fabriquer à la main d’A à Z, exception faite pour le piquage en machine au moment de réalisation de la tige, il est le plus souvent spécialisé sur quelques étapes. Le métier de bottier en recouvre donc plusieurs:
- Le formier-embauchoiriste réalise la forme (souvent sculptée sur des blocs de bois de hêtre) des pieds selon les mesures prises sur le client qui va permettre de monter la chaussure, étape déterminante pour la suite s’agissant du confort et de la fabrication de celle-ci;
- Le patronnier met au point un patron, le dessin à plat des différentes parties, en vue de fabriquer le modèle désiré;
- L’apprêteur-piqueur prépare les pièces composant la tige (dessus de la chaussure) et les assemble par piquage (à la main ou à la machine à coudre);
- Le monteur-finisseur assemble la tige de la chaussure avec la première semelle, puis avec la semelle de marche;
- Le bichonneur nettoie et apprête le soulier pour la mise en boite;
- Enfin, le patineur réalise une patine de couleur sur le soulier en cuir à l’aide d’un pinceau, de chiffons pour sublimer les reliefs et le look de la chaussure.
Du CAP au BTS, on peut se former au métier de bottier sur les bancs de l’école mais surtout en atelier. Qu’elle se manifeste dès la première heure ou qu’elle soit plus tardive, la vocation pour ce métier d’excellence peut se révéler tout au long de la vie et les voies de formation sont multiples et accessibles à tout profil, y compris par la reconversion.
C’est également un métier de compagnonnage qui s’apprend aux côtés de ses pairs, notamment grâce à la fameuse école des Compagnons du Devoir et du Tour de France.
Celles et ceux qui souhaitent perfectionner leur artisanat et tutoyer les sommets pourront également prétendre au titre de Meilleur Apprenti de France ou de Meilleur Ouvrier de France.
Le métier de bottier peut aussi mener les artisans à se spécialiser, que ce soit dans la podo-orthésie ou les métiers rares tels que formier-embauchoiriste.