À un moment où l’existence du Made in France s’affirme comme l’un des moteurs essentiels du maintien de ce qui reste de notre industrie, son avenir dépend, entre autres, de l’attractivité de l’Hexagone pour les investisseurs étrangers : c’est également pour Bruno Le Maire et Bercy l’une des préoccupations prioritaires alors que le déficit de notre commerce extérieur va passer de 85 milliards en 2021 à 100 milliards en 2022, dont 4,5 milliards de déficits sur les smartphones avec la Chine et 13 milliards sur les machines-outils et équipements industriels à l’international.
La relance impérative de notre commerce extérieur, proche bientôt de celui d’un pays sous-développé, dépend aujourd’hui d’un effort de réindustrialisation intérieure sans précédent, associé à l’intérêt des investisseurs internationaux financiers et économiques pour venir prospérer sur notre sol. Or, si 75 % des responsables d’entreprises extra hexagonale installés en France se disent sensibles aux possibilités de développement qui leur sont offertes, ils y mettent certaines conditions : poursuite des réformes administratives et fiscales engagées depuis 2015, investissement puissant dans les technologies d’avenir, la biologie, la robotique, le spatial, les services intelligents IA, l’économie numérique, la transition écologique, le recyclage, la logistique, l’hydrogène, l’énergie décarbonée et dans nos fintechs et licornes.
Car comment expliquer que la France des Airbus, des Mirages, du spatial avec Ariane et ses fusées, des systèmes d’armes sophistiqués, des sous-marins nucléaires, du TGV, de l’atome, ait abandonné, Pechiney, Arcelor, Alstom, Alcatel, la machine-outil, l’industrie pharmaceutique avec Sanofi-Pasteur battu dans la course au vaccin anti-COVID et les Français sans masques et sans gants. Comment expliquer la disparition d’un tissu industriel manufacturier performant dépecé par 40 ans de gouvernement successifs anti industrie et privilégiant une idéologie vouée aux services alors que ces derniers servent d’abord à l’industrie. Comment admettre, en ce qui concerne le textile habillement, la disparition de la plus grande partie de notre production hexagonale après avoir été en même temps, en ce domaine comme dans d’autres des champions de la délocalisation pour arriver à ce que nos marques mondiales soient portées par d’autres. Comment expliquer vouloir avoir les plus grandes écoles de mode alors qu’à l’horizon, pas un tailleur ne sorte de notre système de formation.
Nous ne savons plus produire les biens recherchés par les consommateurs hexagonaux où internationaux et nos élites doivent se relever les manches, aller sur le terrain et abandonner les cinq étoiles, leur bureau et les premières classes.
M&T2 dans ce numéro a mis à l’honneur des acteurs du Made in France, petits ou grands, connus ou moins connus, mais tous indispensables à notre secteur productif chacun dans sa sphère d’activité: Garnier Thiebaut, Le Slip Français, Petite Mendigote, Bleu forêt, Lejaby, Le Minor, Carol, Clergerie, 1083, Les Parapluies de Cherbourg, Blanc Bonnet, De Bonne Facture, Archiduchesse, Aigle, le Concours des Jeunes Créateurs de Dinan, le Grand Nord semblable à un plateau fertile ou à une Silicon Valley bis en pointe dans la relocalisation textile habillement. Tous témoignent d’une activité méritant d’être signalée tant pour leur capacité que dans leur diversité à exister.
Nous en signalerons d’autres dans nos prochains numéros, témoin que difficulté et réactivité peuvent aller ensemble! Ensemble aussi souhaitons nous des meilleurs vœux de bonne et heureuse année 2022 !
J-P.V