Depuis les années 2013-2015, la France essaie de diminuer son écart de compétitivité et le coût de son travail avec ses concurrents proches ou lointains, en prenant des mesures encourageantes mais pas décisives : crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), baisse de l’impôt sur les sociétés, pacte de responsabilité, baisse des impôts de production de 10 milliards d’euros. Cela reste malgré tout insuffisant face aux surcoûts infligés par les 35 heures, la 5e semaine de congés payés, une administration publique et territoriale « grassouillette » et surtout mal contrôlée ainsi qu’une quantité d’avantages sociaux mal encadrés et qui additionnés pénalisent nos exportations, donc notre niveau de vie.
Notre impôt de production hexagonal qui représente 2,8 % de notre PIB contre 0,4 % pour l’Allemagne, et que l’on traîne comme un boulet, aggrave notre retard économique, mais n’explique cependant pas tout car d’autres causes s’ajoutent à ce phénomène structurel: manque de compétences adaptées à la demande, insuffisance de la recherche, formations trop souvent inadaptées aux besoins de l’industrie et de l’artisanat.
Si la crise de la COVID-19 a stigmatisé nos défaillances, notre vulnérabilité, et notre manque de réactivité (masques, médicaments, vaccins), elle a mis surtout en évidence notre perte de souveraineté dans de nombreux domaines comme ceux des composants électroniques, des batteries, de l’hydrogène, de la robotique et même dans des produits de première nécessité. Or le retour de notre souveraineté dépend avant tout du retour d’activités délocalisées et de savoir-faire parfois dramatiquement perdus depuis longtemps.
Notre tissu industriel est, sauf exception, trop fragilisé pour croire que son salut viendra uniquement de la transformation numérique et écologique. Si la délocalisation reste pour nos gouvernements le seul développement possible, l’échec est assuré. Le sauvetage de notre système productif passe par la transformation d’une éducation nationale mise au service des entreprises, par le retour d’un enseignement pratique rendu obligatoire pour de nombreux métiers intermédiaires indispensables. Nous n’avons que faire de Bac +4,+5, +7, de licences-métiers inemployables alors que nos « Bac Pro » restent sur le bord de la route et que nos charlatans bavards super diplômés ont rendu nos programmes professionnels incompétents et ubuesques.
Il serait temps de savoir si, comme pour les masques, l’industrie du textile-habillement français serait capable d’habiller nos concitoyens à l’occasion d’une crise de grands froids persistante: une COVID à moins 20° sur 12 mois par exemple? La réponse est négative, si l’on constate qu’aujourd’hui la filière masque française est moribonde et absente en grande distribution comme en pharmacie car les importations chinoises ayant repris de plus belle, sur le dos de nos façonniers hexagonaux trop optimistes. Les promesses de nos responsables politiques n’engagent que ceux qui y croient.
J-P.V