Au départ positionnée B to C, Tilli a déployé son réseau de 250 couturières et couturiers, les « Tillistes » en France, dans une vingtaine de villes (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, entre autres).
Professionnels expérimentés à la retraite et en quête d’activité, tailleurs, jeunes stylistes et modélistes sortis de l’école avec l’envie de se « faire les dents », personnes en insertion professionnels, ce « vivier » a désormais des plannings remplis, adaptés à leurs rythmes de travail, gérés par les algorithmes mis au point par Tilli — dans une première vie, Béryl de Labouchère a travaillé dans la tech.

La mise sur le devant de la scène des savoir-faire d’artisans, en le plaçant face au client, la variété des services proposés (retouche mais aussi personnalisation et upcycling) ont fait le succès de Tilli. « C’est très créatif, pour le couturier comme pour l’utilisateur. On part en se demandant ce que l’on va faire de ce manteau oversized acheté en ligne aux manches trop longues, on se retrouve avec un produit créateur, on transcende des produits, on leur donne une seconde vie », souligne Béryl de Labouchère.
« C’est un vrai succès, aujourd’hui, toutes les marques premiums s’ouvrent à la seconde main et ont bien compris la nécessité de prolonger la durée de vie d’un vêtement dans une perspective durable. Nous cumulons le service à domicile avec les partenariats avec les marques de différentes manières. Nous nous intégrons dans les sites des marques-enseignes, comme un service de plus qu’elles offrent à leurs consommatrices et contribuons ainsi à réduire leur taux de retour. Nous devenons aussi leurs partenaires en boutique, leur service de retoucherie, de réparation », précise Béryl de Labouchère.
Tilli travaille ainsi avec Tara Jarmon, Asphalte, le site e -commerce du BHV, le Printemps, via un corner situé dans un espace dédié à la circularité, Faguo, Aigle, ou encore Madura dans le textile de maison, la déco.
Aigle, notamment, propose dans douze de ses magasins de la région parisienne un service de pick & collect avec Tilli.
La marque d’outdoor décline aussi des ateliers ponctuels de customisation ou de réparation en boutiques, dans le cadre de son initiative « Aigle positive impact ».
Avec Faguo, le partenariat prend la forme d’ateliers – boutiques, très pédagogiques, sur l’ensemble du parc de la marque.
« C’est aussi une façon de proposer de belle animation boutique, au moment où se pose la question de faire revenir le public dans les points de vente physiques », souligne Béryl de Labouchère.
De manière générale, les marques veulent aujourd’hui un partenaire qui prenne tout en main, qui soit leur référent sur la durabilité des vêtements de leurs clients ».
La start-up a également participé à la braderie de Merci, « Réparer les choses », jusqu’au 9 avril.
L’entreprise joue aussi les collabs sexy, comme avec Swarovski, l’une des plus récentes : les deux se sont associés dans une démarche 100 % upcycling et redonnent vie à des perles et pierres en cristal issues d’anciennes collections.
Balzac Paris, engagé dans une démarche « zéro déchet » a également joué le jeu et confié à Tilli les tissus de ses collections passées pour créer des accessoires uniques et responsables.
Réparation et durabilité
La loi AGEC relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire concernera les produits textiles d’ici quelques années en imposant l’optimisation du cycle de vie des produits mis sur le marché.
Un enjeu sur lequel l’industrie textile et les marques planchent actuellement et qui fait de Tilli un acteur de poids pour avancer sur ce chemin de la pérennité des vêtements.
« Le local, la proximité, l’intérêt croissant des consommateurs, aussi pour l’artisanat, le beau geste, nous conforte dans notre position. Nous sommes arrivés les premiers sur ce créneau de la réparation de la durabilité. Aujourd’hui, nous ne sommes plus les seuls mais nous avons pensé et déroulé ce concept en développant des relations privilégiées avec les marques, en boutique comme en e-commerce », souligne encore la fondatrice de Tilli.
Deux boutiques Tilli ont ouvert dans le IX e arrondissement de Paris, rue Henry Monnier, l’historique, et une seconde rue Notre-Dame de Lorette, davantage dédiée à la décoration d’intérieur.
Les « tillistes » (couturiers, brodeurs, modélistes) y ont installés leur machine à coudre depuis le 30 septembre dernier, pour transcender housses de canapés, double-rideaux, plaids et linge de maison.
Des concept -stores de la couture, des retoucheries complètement revampées mettant à l’honneur les artisans œuvrant en évidence, derrière leur vitrine, autant de plaidoyer pour l’artisanat local et la décoration responsable.
Le dernier projet en date s’inscrit dans le prolongement naturel du savoir -faire de Tilli dans les métiers de la couture, de ses fondamentaux.

La jeune entreprise va nouer des partenariats avec des écoles de mode. Objectif, proposer des modules de formation en upcycling. « Les étudiants vont apprendre à regarder le vêtement techniquement afin de savoir le déconstruire pour le reconstruire. C’est très technique, cela va devenir indispensable, les stylistes vont devoir travailler autrement pour monter leur plan de collection et nous allons les aider à revenir sur ses fondamentaux là. On a trop spécialisé les métiers, il faut revenir à une certaine polyvalence, une transversalité. », conclut Antoinette Fine.